[Lucien Lachaise, inventeur]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRP08221 005
technique 1 photographie négative : noir et blanc ; 24 x 36 mm
historique Reportage photographique réalisé en prévision du Salon du bricolage et de l'invention, organisé par Le Progrès de Lyon, les 8-11 mars 1996 à la Halle Tony-Garnier, Lyon 7e.
historique [Le 8 mars 1996], s'ouvre à Lyon le salon du Bricolage et des inventions, troisième du nom et dont le succès grandissant dit assez la vogue du fait maison du sol au plafond et plus encore le crédit dont bénéficient les inventeurs de tous poils. Créateurs du tournebroche à triple ressorts, brevetés du marteau qui jamais ne rate le clou seront au rendez-vous, prêts à des démonstrations époustouflantes, tandis que, sur son stand, la Société lyonnaise des inventeurs apprendra aux impétrants comment protéger un coup de génie, à moindre prix, Noble institution que cette Société des inventeurs, plus que centenaire et qui compte dans ses rangs un presque centenaire, un modèle, une référence, Lucien Lachaise. Cet homme qui sa vie professionnelle durant vécut de ses inventions, entra dans le monde des affaires aux alentours de sa dixième année en tant que fabricant de cerfs-volants. "J'étais un peu ingénieux, dit-il, mais il faut se méfier des mots, on ne sait pas trop lesquels employer quand on a réussi quelque chose". Ce quelque chose de réussi a bien l'air d'être sa vie et pourtant tout avait fort mal débuté : la tuberculose emporte tout à la fois sa mère et les économies familiales, commencent des années de misère auprès d'un père désorienté et c'est en faisant des écritures chez l'apothicaire ou en vendant des cerfs-volants qu'il mesure ses premières capacités de résistance. Cet enfant qui posait des questions sur tout, qui cherchait à comprendre puis à améliorer le fonctionnement de tout mécanisme, avait tiré ses premières conclusions en matière d'aérodynamique sur un terrain d'aviation et les avait donc appliquées, sur cerfs-volants, illico diffusés, en prêt à monter, aux gosses de riches de son quartier. En 1914, Lucien Lachaise a 13 ans et son père mobilisé l'abandonne dans le hall de l'Hôtel de ville de Lyon, "là où on était choisi comme une bête" par des particuliers généralement en quête de main d'oeuvre. Apprenti charcutier, il éprouve "des choses qu'on ne croirait même pas, ce n'est pas la peine de raconter ça" et puis d'autres, lumineuses, auprès d'une directrice de maison de retraite qui devine ses possibles, lui donne sa chance et obtient d'Edouard Herriot qu'il soit placé parmi son personnel en tant que pupille de la ville de Lyon. Dès lors Lucien achète des livres, suit des cours d'enseignement professionnel à La Martinière tout en travaillant et, pour voir, se présente à un concours de mécanique. Résultat : premier prix, il en est suffoqué, sa protectrice, elle, exulte et, le bout de parchemin en main, file dans le bureau d'Herriot. "Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?" demande la dame, "amenez-moi cet enfant", réplique le maire qui va conclure avec le petit Lucien une sorte de pacte, lui offrant la liberté d'apprendre et de veiller comme il l'entend hors des heures de travail, à condition de venir régulièrement lui faire part de ses progrès. Et c'est ainsi que jusqu'à l'âge de dix-sept ans et demi, l'apprenti inventeur a rendu visite à Herriot tous les mois, exhibant chaque fois une médaille, un prix, puis, la guerre achevée, ouvre rue des Tables-Claudiennes un atelier de serrurerie et mécanique, épate ses clients à force d'astuces et découvre l'armada des machines utilisées par l'industrie textile, "un vrai bastringue, j'entrais chez eux et je disais, 'c'est comme ça que vous faites ? il doit y avoir plus simple'. Alors je cherchais". Et il trouvait non seulement le moyen de stopper les vibrations d'une essoreuse de tulle qui conduisaient un apprêteur droit à l'expulsion, mais aussi un nouveau système avec hélices d'avion pour faire mieux, plus vite et moins cher. Il touche ce jour-là son premier chèque, monte de nouveaux ateliers, entrevoit la percée des matières plastiques, dépose en 1920 son premier brevet de sciage de dents de peigne, passe par la case service militaire et met là aussi un peu de logique dans les services administratifs avant que de mener une carrière d'industriel entièrement vouée aux procédés d'injection et de compression des Bakélites et autres galatithes. Lucien Lachaise, patron de PMI, connaît ses sept glorieuses de l'invention entre 1926 et 1932, puis faute de matière première, stoppe ses machines durant la guerre, la seconde, et ne les remettra jamais vraiment en route, limitant son rayon d'action à l'échantillonnage et à des recherches plus pointues tout en s'intéressant au quotidien : "J'ai décidé qu'il fallait voir la vie autrement, plus modestement". Il s'en va, dès lors, construire tout seul sa maison du midi, invente une très ingénieuse tente de camping, bricole si bien son automobile qu'elle figure aujourd'hui au musée de Rochetaillée et s'amuse avec des problématiques du genre : "comment conserver la viande de porc avec rien ?". Il pense aussi qu'au dernier acte de sa vie inventive figure son implication dans la vie municipale et associative de Caluire. "Ces domaines demandent plus d'imagination qu'on ne croit", dit le médaillé d'or du concours Lépine 1931. Source : "Profession, inventeur" / Sophie Bloch in Lyon Figaro, 8 mars 1996, p.3.
note à l'exemplaire Ce reportage photographique contient 11 négatifs.
note bibliographique "Lucien Lachaise : 60 ans au service du sport scolaire" in Lyon Figaro, 10 juin 1989. - Les mémoires de Lucien Lachaise dans le 20ème siècle / Lucien Lachaise, 1997 [BM Lyon, B 039125].

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